Identité

A quand un lieu de rencontre pour la communauté LGBT à Lannion ?

Être LGBT+ c’est déjà subir des discriminations et violences au quotidien. La situation est d’autant plus difficile sur un territoire comme Lannion où il n’y aucune association ou espace communautaire. Les personnes LGBT+ sont bien là mais invisibles.

Le constat est clair. Il n’existe aucun cercle d’intimité pour les personnes LGBT+ (personnes lesbiennes, bisexuelles, gaies, transgenres, queers et intersexe) à Lannion. Aucun bar ou club gay. Et AndBraizh, dernière association de Lannion défendant leurs droits a été dissoute en 2015. Elle avait un rôle politique en s’opposant à la Manif pour tous et la trentaine de bénévoles investis organisait des actions de prévention, d’information et une permanence de soutien pour les personnes LGBT+.

Un vide problématique

Aujourd’hui, qu’en est-il si l’on pose la question des rencontres, et pas seulement amoureuses ? C’est un fait reconnu, rencontrer des gens comme soi aide avant tout à s’assumer, à se comprendre soi-même, à se construire. «J’ai compris que je n’étais pas bizarre par internet, j’ai eu de la chance que ça se soit bien passé au niveau familial et scolaire. J’aurais été perdu sinon », explique Coralie, lycéenne bisexuelle de 16 ans originaire de Lannion. «Le fait d’avoir compris assez tôt mon orientation sexuelle et de l’assumer directement m’a permis de me rapprocher d’autres jeunes au lycée qui avaient des questions, ou qui avaient plus de difficultés à assumer. Pour certains, ça s’est vraiment mal passé dans leur famille », renchérit-elle.

« Je n’ai rencontré personne sur Lannion. »

Pour Coralie comme pour d’autres jeunes Lannionnais, la découverte d’une sexualité non-hétéro ou d’une transidentité a été marquée par un manque de réponse et bien souvent de la violence au niveau scolaire. L’absence d’associations ou de personnes référentes sur les questions LGBT+ crée un grand sentiment de solitude. Un peu comme s’ils étaient seuls dans leur situation. « Si je ne parlais pas ouvertement de ces sujets, je n’aurais créé aucune connexion dans les Côtes-d’Armor, et encore je n’ai rencontré personne sur Lannion directement. »

Repères, où êtes vous ?

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Robin, étudiant pansexuel de 21 ans, lui, vient d’arriver dans le Trégor et se dit également étonné par l’absence de communauté LGBT+ locale. Avant de vivre dans les Côtes-d’Armor, il est passé par Rennes et Lille où des associations existent. Pour lui, le problème principal des personnes qui sont dans son cas est de se sentir isolé. Alors même que d’autres sont dans la même situation autour d’elles.

Discriminations, isolement, ruptures familiales chez les jeunes LGBT : un enjeu public.

L’intérêt d’avoir une association locale serait de créer une communauté. Sortir de l’isolement pour mieux s’assumer et donner une place à ces minorités dans le monde social. Pour les plus jeunes, cela permettrait aussi de trouver des réponses.

Coralie et Robin n’ont pas fait face à de gros problèmes au sein de leur famille mais ce n’est pas le cas de tous. Tiraillés entre la difficulté d’être acceptés pour leur orientation sexuelle ou leur identité de genre, obligés d’affronter des violences parfois ou une rupture familiale, certains jeunes vivent un enfer au moment du coming-out ou d’un outing. Dans ces circonstances, une association nationale existe pour venir en aide à ces personnes, Le Refuge.

Le Refuge, essentiel

Corinne Troël en est la correspondante relais à Saint-Brieuc. « Depuis que Le Refuge est arrivé dans le 22, on a multiplié par six le nombre d’appels reçus à la ligne d’urgence sur le département. Notre mission prioritaire est de venir en aide et de trouver des solutions pour les jeunes en difficulté. On intervient aussi en milieu scolaire sur les questions d’homophobie et de transphobie. »

Chaque nuit, l’association accueille près de 150 jeunes dans des situations critiques. Avec 20 délégations départementales, l’association gagne en visibilité mais ne couvre pas encore la totalité du territoire. Une fin difficile à atteindre car l’association est majoritairement financée par des fonds privés. Et malgré ces efforts, la situation reste problématique pour les jeunes isolés des territoires ruraux, comme à Lannion, où il n’existe aucun soutien local.

Un projet d’association LGBT ?

Ce vide social toucherait peut-être à sa fin. Marie Montlouis-Gabriel, étudiante en animation à Brest, compte revenir habiter à Lannion avec un projet d’association en tête. Elle est en contact avec Coralie depuis plusieurs mois. Toutes deux veulent couvrir l’absence de communauté, une nécessité selon elles.

« Les phobies se construisent sur l’inconnu. »

« L’idée serait d’avoir un lieu permanent ou au moins ponctuel, où l’on puisse se réunir, échanger et débattre autour des questions de genre et de sexualité. Qu’on soit LGBT+ ou non d’ailleurs », explique la future présidente.

Avec l’ambition de proposer un espace d’accueil, les deux jeunes femmes veulent aussi proposer des interventions contre l’homophobie et la transphobie. Un lieu, une communauté, des échanges. Une manière de combler le silence de ces minorités et offrir du soutien. Avant de repartir pour Saint-Brieuc, Corinne Troël rappelle d’ailleurs un point fondamental : « Les phobies se construisent sur l’inconnu. »

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