L’Éducation nationale ne remplissant pas sa mission de trois séances annuelles de cours d’éducation sexuelle, lycéens et lycéennes se tournent vers internet… Mais les échanges sont aussi une solution pour faire son propre apprentissage..
“Nous intervenons principalement auprès des collégiens en classe de quatrième et de troisième mais la règle des trois séances par an n’est pas respectée par tous les établissements”, témoigne Anne Maréchal du centre de planification de Lannion.
Ces trois séances, au moins, sont pourtant indiquées sur le site du ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse.
Lycéennes et lycéens se trouvent alors dans l’obligation de compenser ce manque en trouvant des alternatives hors du milieu scolaire pour aborder un sujet essentiel à la construction de leur identité : la sexualité.
Pour apprendre à l’abri des regards et sans avoir honte sur les questions qu’ils se posent, la solution la plus utilisée par les jeunes reste la recherche sur des sites internet.
Internet, du bon et du mauvais
Des chaînes Youtube comme celle de la Montpelliéraine Salomé avec “Sexpédition”, des comptes Instagram, des comptes Twitter et Snapchat, internet offre une multitude de solutions pour faire sa propre éducation sexuelle. Et même Netflix y contribue, à échelle moindre, avec sa série Sex Education.
Salomé de Sexpédition
“Je me suis rendue compte qu’il y avait un gros manque au niveau de l’éducation sexuelle. Sur les commentaires et les questions qui me sont posées je vois qu’il faut vraiment en parler. Contrairement aux cours d’éducation sexuelle, Youtube permet de consommer un contenu sans avoir peur du regard de l’autre et il a cet avantage de toucher un maximum de monde. Par contre son défaut est que si un élève se pose une question il ne pourra pas la poser de manière spontanée où il trouvera une réponse à sa question rapidement . Tandis que le cours d’éducation sexuelle offre cet avantage de répondre du mieux possible aux questionnements”.
Mais internet n’a pas que du bon. “Quand on consomme du porno sur internet, le risque est que l’on prenne un peu exemple dessus”, avertit Valentin, en classe de terminale au lycée Saint-Joseph-Bossuet à Lannion. Si internet comporte des dangers il est le reflet d’une société “assez perverse” pour Anne Maréchal. “La publicité est un exemple de cette perversion de la société où la connotation à caractère sexuel est très perceptible et très présente”, commente-t-elle.
Ici, elle fait référence à la publicité parue dans les années 2000 de la crème fraîche Babette qui avait fait polémique avec slogan : “Babette, je la lie, je la fouette et parfois elle passe à la casserole”. Le web n’est pas la seule solution qui permet aux lycéens de faire leur propre éducation mais il y contribue.
Échanger entre pairs
Le lycée est un endroit où l’on peut observer un contraste saisissant de maturité et d’ouverture d’esprit. Si pour certains lycéens le sujet est tabou, d’autres en parlent ouvertement et sans jugement.
“Nous sommes à l’internat dans notre lycée”, expliquent Lylian et Aurélien, tous deux en classe de première générale au lycée Félix-Le-Dantec. “L’internat est un lieu qui permet d’avoir de vraies conversations, en étant posés, entre nous. Le fait d’être en petit groupe nous permet de discuter de tout et de rien dans le calme et sans appréhender le regard des autres”.
Si pour Lylian et Aurélien la conversation est facilité par un lieu propice à une discussion en petite communauté, d’autres lycéens abordent le sujet sans complexe lorsqu’ils sont en couple.
C’est le cas de Ludivine, 18 ans, lycéenne à Saint-Joseph-Bossuet à Lannion. “Parler de sexualité n’est pas un tabou pour moi. Je l’aborde aussi bien avec ma mère qu’avec mon copain. Le fait d’être en couple facilite la conversation et nous abordons le sujet sans complexe et avec bienveillance”, assure la jeune femme.
Et si la communication était la solution ?