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Education sexuelle

« Lors de relations sexuelles, les jeunes ne se protègent pas suffisamment »

Plus de 60 % des jeunes de moins de 20 ans ignorent s’ils sont porteurs du VIH ou d’autres infections sexuellement transmissibles. En cause ? « Sûrement le manque de sensibilisation sur le sujet. » Éclairage avec le docteur Alaa Fadel, gynécologue obstétrique à Lannion.

Alaa Fadel, gynécologue obstétrique à Lannion, remarque que les jeunes ne se protègent pas suffisamment durant leurs relations sexuelles.

Selon plusieurs études, les jeunes de moins de 20 ans sont les plus sujets aux infections sexuellement transmissibles. Cela voudrait dire que, aujourd’hui, les jeunes ne se protègent pas suffisamment ?

En effet, lors de relations sexuelles, les jeunes ne se protègent pas suffisamment. Ils ne se rendent pas compte de la nécessité de la contraception et de la protection contre les infections sexuellement transmissibles (IST). Pourtant, intervenir sur les jeunes permet d’éviter la propagation de certaines maladies, notamment le VIH (virus de l’immunodéficience humaine, qui est responsable du syndrome d’immunodéficience acquise, le sida).

En France, 72 % des lycéens et lycéennes ne se sont jamais fait dépister. Est-ce un désintérêt de leur part ?

Les jeunes ne se désintéressent pas forcément du sujet mais ils ne sont pas suffisamment informés. Je vois fréquemment des jeunes femmes et je leur donne les informations de A à Z. Elles ne savent pas que la pilule ne remplace pas le préservatif. Alors je dois insister pour expliquer la nécessité d’utiliser les deux. La pilule pour éviter une grossesse et le préservatif pour les infections sexuellement transmissibles.

Le côté financier peut également empêcher certaines personnes de bien se protéger car ils pensent que les préservatifs sont forcément payants. Maintenant, il y a un nouveau dispositif de haute qualité et gratuit : une contraception masculine disponible en pharmacie, sur ordonnance. Mais elle ne se développe pas énormément car les jeunes n’en connaissent pas l’existence.

Quels sont les moyens de protection que les jeunes utilisent le plus fréquemment et ceux qu’ils devraient utiliser ?

Les jeunes utilisent énormément la pilule puis l’implant contraceptif. Ce sont les bons moyens de contraception, à condition de les coupler avec un préservatif, ou de se faire dépister. Personnellement, je prescris une pilule sans interruption. S’il y a un oubli de pilule et une ovulation au même moment, la contraception est inutile. Dans le cas où les femmes pensent qu’elles vont oublier leur pilule, je propose un implant. Mais ce dispositif a de nombreux effets secondaires. Il n’est pas très bien toléré par quasiment la moitié des femmes. Il peut migrer sous la peau et occasionner des saignements. Il y a également le stérilet, que je ne pose qu’à partir de 17 ou 18 ans.

Du côté des consultations gynécologiques, pour quelles raisons les jeunes viennent vous consulter ?

Généralement, les plus jeunes vont au centre de planification qui est à l’hôpital de Lannion. Ils sont mis au courant de son existence grâce aux infirmières et sages-femmes qui interviennent dans les collèges et lycées pour les cours d’éducation sexuelle. Les jeunes ont souvent moins de 15 ans et s’y rendent pour conserver leur anonymat. Ils vont demander des moyens de contraception, et parfois, se faire dépister. Ici [n.d.l.r. : le cabinet de gynécologie], ce sont souvent des jeunes filles accompagnées par leur maman, qui viennent. Ou elles ont un problème en particulier comme des règles douloureuses, ou elles viennent pour demander un moyen de contraception. C’est rare une jeune qui vient seule demander une contraception ou pour un accident.

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